Les allées du majestueux temple d'Angkor Wat, emblème du Cambodge, connaissent une affluence inhabituellement basse. Les récentes tensions à la frontière avec la Thaïlande, située à moins de deux heures de route, soulèvent des inquiétudes parmi certains touristes.
Bun Ratana, guide touristique, exprime son désespoir face à une diminution marquée de sa clientèle. « Mes revenus ont considérablement chuté », confie-t-il à l'AFP, notant qu'il n'a gagné que 150 dollars ce mois-ci, contre 800 dollars l'année précédente à la même période, traditionnellement synonyme de forte affluence touristique.
Les affrontements frontaliers, qui ont déjà causé une quarantaine de morts et des milliers de déplacés, ont généré une atmosphère d'incertitude. Malgré cela, Bun Ratana affirme que « nous ne risquons rien ici à Siem Reap », tout en faisant état d'annulations croissantes.
De son côté, Nov Mao, chauffeur de tuk-tuk devant Angkor Wat, constate une baisse de sa clientèle de 50 % depuis la reprise des combats le 7 décembre. Avec un record de 6,7 millions de visiteurs internationaux l'année dernière, le Cambodge, dont le tourisme représente près de 10 % du PIB, commence à ressentir le poids de cette chute des fréquentations.
Les voisins de Siem Reap, comme Run Kea, commerçante de vêtements, notent également l'absence de clients. « Les touristes semblent avoir disparu. Je pense qu'ils ont peur, et ça m'inquiète aussi », déclare-t-elle.
À Bangkok, les minibus habituellement pleins de vacanciers se rendant à Angkor sont désormais parqués, bloqués par les restrictions de passage imposées par le Cambodge. Prasit Chankliang, propriétaire d'une agence de voyages thaïlandaise, peine à rassurer ses clients. « Nous leur disons seulement qu'ils ne peuvent pas y aller », explique-t-il, sans pouvoir prédire une reprise des traversées.
Malgré ces perturbations, certaines voix, comme celle de Dorothy, une touriste américaine, expriment leur détermination à visiter Angkor. Elle assure ne pas être inquiète et se dit satisfaite de sa décision. Kay Florek, une Allemande, partage ce sentiment de sécurité. « C'est principalement à la frontière que la situation est préoccupante », explique Elliot, un Canadien séjournant à Bangkok, qui ne ressent aucune menace dans la capitale thaïlandaise.
Les commerçants de Siem Reap appellent à un dénouement rapide du conflit pour retrouver l'afflux de touristes. Thim Sereyvudh, chargé du tourisme dans la province, espère que la situation évoluera rapidement : « Plus vite la situation se stabilisera, plus vite les visiteurs reviendront », dit-il, gardant espoir qu'un dialogue s'instaurera bientôt entre les deux nations. Des experts en géopolitique de l'Institut Français des Relations Internationales notent que les discussions diplomatiques pourraient également jouer un rôle crucial dans la relance du tourisme.







