Delphine Ernotte Cunci, la présidente de France Télévisions, sera auditionnée ce mercredi par les députés de la commission d'enquête sur la neutralité et le financement de l'audiovisuel public. Cette audition, prévue pour 15h30, se déroule dans un climat particulièrement tendu, renforcé par des polémiques récentes entourant son groupe.
Depuis dix ans à la tête de France Télévisions, Ernotte a préparé sa défense, s'exprimant avec sérénité malgré l'ampleur des controverses qui se sont multipliées ces derniers mois. Le député Charles Alloncle, membre du groupe UDR d'Eric Ciotti et rapporteur de la commission, a déjà annoncé un questionnement approfondi sur les allégations de partialité des médias publics. Il a dénoncé ce qu'il considère comme des «entorses au principe de neutralité» et souligné d'éventuels dysfonctionnements financiers au sein de l'audiovisuel public. Les débats s'annoncent donc vifs, alors qu'il cherche à faire «sortir Ernotte de ses gonds».
Cette commission d'enquête a été mise en place suite à l'affaire Legrand-Cohen, où deux journalistes de France Télévisions ont été accusés de collusion avec le Parti socialiste après la diffusion d'une vidéo les montrant avec des membres de ce dernier. Jérémie Patrier-Leitus, président de la commission, souhaite éviter un «procès de l'audiovisuel public», et espère que les travaux permettront d'objectiver les débats sur la neutralité des médias dans une période marquée par les fake news.
Un rapport récent de la Cour des comptes a fait état d'une «situation financière critique» pour France Télévisions, appelant à des réformes d'envergure. Alors qu'une coupe budgétaire de 65 millions d'euros est prévue pour 2026, la pression monte sur l'État pour qu'il fixe une «trajectoire financière réaliste» pour l'entreprise.
D'autres sujets controversés seront également abordés, tels que les contrats de France Télévisions avec des sociétés de production et des dépenses jugées excessives, comme celles liées au Festival de Cannes. Selon un sondage Ipsos BVA-Cesi, près des deux tiers des Français ont une image positive de l'audiovisuel public, même si 48% estiment qu'une réforme est nécessaire.
En parallèle, les tensions entre France Télévisions et les médias proches du milliardaire Vincent Bolloré, comme CNews, se poursuivent, soulignant les différences idéologiques croissantes dans le paysage médiatique français. Delphine Ernotte a ainsi qualifié CNews d'«extrême droite», tandis que cette chaîne remet en cause l'impartialité des médias publics.
À l'approche de cette audition cruciale, une autre prise de parole est attendue avec Sibyle Veil, PDG de Radio France, également interrogée sur ces thématiques sensibles.







