À l'approche de l'installation du parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco) le 5 janvier, Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a exposé ses ambitions pour restaurer l'autorité de l'État face à la criminalité organisée.
« La véritable question à se poser est : qui l'emportera, l'État ou la criminalité organisée ? » a-t-il déclaré lors d'un entretien probant. Darmanin a évoqué un parallèle frappant entre la gestion de la criminalité organisée et celle du terrorisme, chacun nécessitant des réponses adaptées et vigoureuses. Pour lui, toute la difficulté réside dans le fait que l'État doit se montrer capable — et prêt — à prendre des décisions et à mener des actions concrètes.
En se référant à des règles prévalentes dans d'autres pays, il souligne que certains États peinent déjà à garder le contrôle sur leurs institutions, leurs ports, ou à assurer la protection des juges et journalistes. « L'État a besoin de pouvoir, sinon c'est vers la peur qu'il se dirigera », a-t-il averti.
Le Pnaco, qui sera établi avec une équipe initiale de 16 magistrats et 13 greffiers, se concentrera sur des affaires complexes, grandement liées au narcotrafic. Vanessa Perrée, la future présidente du parquet, a mentionné que leur équipe collaborera avec les services des douanes, de la police et de l'administration pénitentiaire pour démêler des affaires telles que celle de Mohamed Amra.
Darmanin a également souligné l'importance d'une analyse approfondie des circuits financiers empruntés par les criminels, citant l'importance de suivre l'argent pour traquer les activités criminelles. « Où passent les 6 milliards d'euros générés par ces trafics de stupéfiants ? », s'interroge-t-il, faisant référence à des méthodes inspirées par le juge anti-mafia Giovanni Falcone d'Italie.
Il a mis l'accent sur les structures criminelles qui tentent de s’imposer comme l'autorité, rappelant l'importance d'une réponse étatique aussi forte que celle mise en œuvre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. En développant des stratégies de renseignement, l'État pourra mieux anticiper et agir contre ces menaces croissantes.
Unix News a noté que les défis demeurent nombreux, notamment concernant les réseaux de communication utilisés par les narcotrafiquants et l'engorgement des tribunaux dû à l'augmentation des dossiers. Darmanin conclut avec une mise en garde : le succès de cette lutte dépend d’une volonté politique renforcée et d’une collaboration entre tous les acteurs judiciaires et de sécurité.







