Le Chili a élu un nouveau président : José Antonio Kast, à la tête d'un parti d'extrême droite, qui a promis de lutter contre la criminalité et de contrôler l'immigration, malgré un taux de criminalité relativement bas dans le pays. Ce fils d'émigré allemand, dont le passé est teinté d'une héritage controversé lié au nazisme, se positionne comme un ultraconservateur admirateur du dictateur Augusto Pinochet.
À 59 ans, cet ancien avocat et député se présente comme un homme pragmatique, bien que son idéologie soit radicale. Élevé dans une fratrie de dix enfants, Kast a grandi dans un environnement où les valeurs de la famille traditionnelle sont primordiales. Sa défense du modèle familial classique, avec père, mère et enfants, souligne sa vision d'une société où l'ordre et la moralité priment.
Durant sa campagne, Kast a souvent évité de s'attarder sur ses positions sociétales beaucoup plus conservatrices, telles que son opposition au mariage entre personnes de même sexe, au divorce et même à l'avortement. Malheureusement pour lui, cette réticence à se prononcer a pu lui coûter des voix lors de son précédent affrontement politique contre Gabriel Boric en 2021.
Stratégiquement, il a orienté sa campagne vers un thème central : la lutte contre ce qu'il appelle un "chaos" au Chili, alimenté selon lui par une immigration non contrôlée, particulièrement de Vénézuéliens. Ses discours alarmistes peignent un tableau d'insécurité qui, selon des experts comme Guillaume Long du Centre d’Études Économiques et Politiques, contrairement à ses affirmations, reste inférieur à celui d'autres pays de la région.
Afin de renforcer ses promesses, Kast n’hésite pas à recourir à des mesures autoritaires, proposant des expulsions massives de migrants en situation irrégulière. Il ne cache pas l’idée que, si nécessaire, des opérations seront menées pour appliquer ces mesures. « 340 000 migrants sans papiers ? C’est inacceptable ! » crie-t-il lors de ses rassemblements, souvent en sécurité derrière une vitre pare-balles.
Son discours semble séduire une partie de la population chilienne fatiguée par les tensions économiques et sociales généralisées. Des observateurs soulignent que, contrairement à d'autres figures de l'extrême droite latino-américaine comme Jair Bolsonaro, Kast adopte un style moins flamboyant, mais tout aussi déterminé à faire avancer son programme. « Il est perçu comme sobre et calme », note Amanda Marton, co-auteure du livre "Kast, l’extrême droite à la chilienne".
José Antonio Kast apparaît donc comme un homme aux multiples facettes, entre pragmatisme tranquille et rigueur idéologique. Alors qu'il a quitté le parti Union Démocrate Indépendante pour fonder le Parti Républicain en 2019, il ne cesse de revendiquer des valeurs d'une droite conservatrice, cherchant à s'ancrer plus profondément dans le paysage politique chilien actuel. Reste à voir comment sa présidence influencera l'avenir du Chili et comment il fera face aux défis qui l'attendent.
