Le principal parti soutenu par la junte militaire en Birmanie a annoncé, lundi, une victoire écrasante à l'issue du premier tour des élections législatives, suscitant des doutes sur la transparence du scrutin. Un responsable anonyme du Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP), a déclaré à l'AFP que le parti avait remporté 82 des 102 sièges disponibles. Cette annonce survient alors que l'armée affirme que ces élections marquent un retour à la démocratie, une position contestée par de nombreux observateurs internationaux.
Les élections se sont tenues principalement dans la capitale Naypyidaw, où l'USDP a remporté toutes les circonscriptions. La Commission électorale birmane n'a pas encore publié de résultats officiels, et deux autres phases de scrutin sont prévues pour janvier. Cependant, le climat de méfiance reste omniprésent, plusieurs partis d'opposition, dont celui d'Aung San Suu Kyi, étant absents des bulletins de vote suite à leur dissolution par la junte après le coup d'État de 2021.
« Aucun citoyen n’a confiance en ce processus électoral », a affirmé Min Khant, un habitant de Rangoun, qui a évoqué un pays sous dictature. La junte, ayant déclenché une guerre civile suite au coup d’État, fait face à des groupes armés opposants, dont certains sont issus de minorités ethniques. De nombreux analystes, comme Morgan Michaels de l'International Institute for Strategic Studies, jugent que l'USDP agit comme un prolongement civil de l'armée, rendant les élections indignes de confiance.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a soutenu que l'élection était « libre et équitable », affirmant l’importance d’un processus jugé crédible pour restaurer la réputation de l’armée. Pourtant, la réalité sur le terrain contredit cette assertion, avec près d’un cinquième des circonscriptions inaccessibles à cause des conflits. Le climat de violence et de répression des opposants met en lumière les défis auxquels fait face le pays.
Alors que les législatives se déroulent dans un contexte pour le moins tendu, ces élections pourraient bien renforcer davantage un pouvoir militaire déjà contesté, tout en alimentant les luttes internes qui déchirent la Birmanie.







