La France, premier marché européen pour la tomate marocaine, voit ses agriculteurs locaux s'inquiéter de la concurrence déloyale des importations à bas prix. Le 26 novembre 2025, environ soixante agriculteurs affiliés à la Confédération paysanne ont mené une action symbolique en bloquant la plateforme logistique d'Azura, une entreprise franco-marocaine d’horticulture, à Perpignan. Cette mobilisation vise à dénoncer les conséquences de la concurrence injuste mais aussi les violations des droits humains au Sahara occidental.
Un nouvel accord soulève des tensions anciennes
L'accord agricole entre l'UE et le Maroc, entré en vigueur début octobre 2025, ne fait qu'aggraver les frustrations. Bien qu'il ait été agréé par le Parlement européen, cet accord inclut le Sahara occidental, offrant des préférences commerciales controversées. Les organisations agricoles françaises affirment que les productions étiquetées comme marocaines proviennent en réalité de ces territoires occupés, sans bénéfice pour leurs habitants. Fanny Métrat, porte-parole de la Confédération paysanne, souligne l'immense disparité de coûts de production, notant que les tomates marocaines se vendent à moins de 4 euros le kilo contre 8 à 10 euros pour celles produites en France.
En outre, le faible coût du travail au Sahara occidental, où le SMIC est de seulement 70 centimes de l'heure, contre 11 euros en France, accentue cette concurrence déloyale. Les agriculteurs de l’UE se sentent piégés face à ces conditions inéquitables et dénoncent l'opacité des négociations liées à cet accord.
La Confédération paysanne prévoit de poursuivre Azura en justice pour fraude fiscale sur les taxes d'importation. Cette accusation n'est pas isolée ; la Coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs espagnols (COAG) a également signalé des irrégularités, en affirmant que les exportations marocaines avaient dépassé de 230 000 tonnes les quotas fixés dans l'accord de 2012. Néanmoins, le commissaire européen à l’Agriculture conteste cette opinion en reconnaissant que 81 millions d’euros de droits de douane avaient été perçus durant la période concernée.
Alors que la tension monte, le groupe Azura a annoncé un investissement de 18,6 millions d'euros pour étendre ses activités à Dakhla, au Sahara occidental. Cette décision suscite des doutes parmi les agriculteurs français quant à une possible résolution des griefs. En dépit des appels à la justice, Azura continuera probablement à s'appuyer sur la légalité de ses pratiques pour contester toute accusation. En ce sens, le comité d'agriculteurs marocains semble bien préparé à répondre aux préoccupations soulevées, laissant entrevoir une prolongation de cette bataille commerciale.







