Une étude récemment publiée par l’Institut Terram et l’association Rura met en évidence les défis uniques auxquels les femmes en milieu rural sont confrontées. Loin des stéréotypes idylliques de la vie campagnarde, la réalité révèle un « amplificateur d'inégalités » qui freine leur carrière et leur autonomisation.
Mme Salomé Berlioux, directrice de l’association Rura et coauteure de l’étude, souligne qu'une « malus rural du genre » se manifeste dans des zones à faible densité démographique, où la mobilité et l’accès aux services sont limités. Avec 11 millions de femmes vivant en milieu rural en France, le manque de moyens de transport et la dépendance à la voiture sont des contraintes majeures. Isabelle Dugelet, maire de La Gresle, témoigne d'une dynamique où « Monsieur a souvent la voiture la plus récente, tandis que Madame doit utiliser la vieille familiale pour gérer le quotidien ».
Cette réalité impacte directement les choix professionnels des femmes, qui se voient souvent contraintes d'accepter des emplois moins qualifiés ou, pire, de renoncer à travailler. Des témoignages comme celui d'Anaïs, 31 ans, de Charente-Maritime, mettent en lumière ce dilemme. Elle a décliné une offre d'emploi mieux rémunérée pour des raisons géographiques. Des discriminations comme celle-ci sont exacerbées par un sexisme profondément ancré dans certaines cultures locales, où des comportements ordinaires demeurent préjudiciables.
Des facteurs tels que les conditions de garde d'enfants aggravent cette précarité. La plupart des zones rurales proposent un accès limité aux services de garde, forçant les femmes à mettre leur carrière en veilleuse. Avec seulement huit places en crèche pour 100 enfants, la responsabilité repose principalement sur les femmes, qui se retrouvent souvent dans une situation financière précaire. « L'argent des femmes se dissipe dans les dépenses quotidiennes, tandis que celui des hommes construit du patrimoine », déclare Félix Assouly de Rura, soulignant les implications à long terme de cette inégalité.
Dans un contexte déjà difficile, les services de santé ne sont guère plus accessibles. Les femmes se heurtent à des délais d'attente énormes pour obtenir des soins médicaux. Alex, 44 ans, a dû patienter près d'un an pour une mammographie en Charente-Maritime, illustrant ainsi les difficultés d'accès aux soins dans les zones rurales. De nombreux experts s'accordent à dire que cette situation disparates renforce le sentiment d'isolement et de vulnérabilité parmi les femmes rurales.
En conclusion, l’étude appelle à une « conception universelle » des solutions d’accès aux services qui, si elles sont efficaces pour une mère isolée dans une zone reculée, pourraient également bénéficier à une plus large population. Comme Mme Berlioux le souligne, l'amélioration des conditions de vie des femmes à la campagne est une question de justice sociale, et il est impératif d’agir pour renverser cette tendance.







