Dans un contexte géopolitique tendu, l'Allemagne s'engage à devenir la principale force militaire conventionnelle d'Europe. Le gouvernement, sous la direction du chancelier Friedrich Merz, prévoit d'investir des centaines de milliards d'euros en réponse à l'annonce d'une menace russe accrue depuis l'invasion de l'Ukraine.
Les start-up du secteur technologique, notamment dans le domaine des drones, estiment qu'il est crucial pour Berlin d'adopter rapidement un virage technologique. Les conflits récents ont montré que ces appareils autonomes et sans pilote jouent un rôle capital dans les opérations militaires modernes.
Gundbert Scherf, co-fondateur de Helsing, une start-up fournissant des drones d'attaque à l'Ukraine, souligne la nécessité de reconsidérer les priorités d'investissement. «Nous avons longtemps trop misé sur les systèmes traditionnels», déclare-t-il. Il appelle à une révision des budgets afin de favoriser l'innovation, espérant un passage d'un ratio de 99% pour les systèmes classiques à un partage plus équitable.
Josef Kranawetvogl, proche de la start-up Stark, abonde dans ce sens. «L'approvisionnement militaire en Allemagne évolue, mais il faut aller plus vite», indique-t-il, tout en reconnaissant que les avancées ont été positives. Étant soutenus par des investisseurs comme Peter Thiel, ces nouveaux acteurs cherchent à percer le marché de la défense allemand, historiquement dominé par des géants industriels.
Toutefois, les grands noms, tels que Rheinmetall, restent convaincus que les systèmes d'armement traditionnels ne sont pas obsolètes. Armin Papperberger, PDG de l'entreprise, souligne : «Sans véhicules blindés, il est impossible de défendre un territoire». Dans son analyse, il considère que bien que les drones aient pris une place centrale dans les opérations récentes, leur rôle pourrait être moins significatif dans des conflits à plus grande échelle impliquant l'OTAN.
Les projections du gouvernement sont impressionnantes, avec un investissement annoncé de 10 milliards d'euros pour les drones dans les années à venir. Pourtant, une part de ces fonds (88 milliards d'euros) est allouée à des entreprises traditionnelles comme Rheinmetall, ce qui soulève des interrogations quant à l'engagement à long terme dans des technologies innovantes.
Un porte-parole du ministère de la Défense a affirmé que bien que les drones soient essentiels, ils ne constituent pas l'unique réponse aux défis militaires actuels. «Les chars d'assaut et les avions de chasse resteront cruciaux dans les guerres futures», a-t-il précisé, mettant en perspective l'importance d'une approche holistique.
Des experts comme Niall Ferguson et Moritz Schularick mettent en garde contre un risque d'obsolescence technologique. Ils soulignent que l'Allemagne doit éviter de se retrouver avec «les armees de la dernière guerre», afin de ne pas compromettre sa sécurité et sa place sur le théâtre international. Face à cette situation, il est clair que des choix stratégiques seront déterminants dans les années à venir.







