Face aux défis contemporains de l'action publique, Thomas Cazenave, député de la Gironde et ancien ministre du Budget, exhorte à une refonte totale du fonctionnement de l'État dans son dernier ouvrage, Péril sur la démocratie, Refonder l'État. Dans un contexte où la méfiance envers les institutions ne cesse d'augmenter, il souligne la nécessité d'une réforme ambitieuse pour protéger notre démocratie des menaces du populisme et de l'autoritarisme.
Cazenave explique que l'inefficacité des politiques publiques constitue un problème majeur. D'après lui, « notre modèle ne répond plus aux attentes des citoyens », tout en déplorant le morcellement des responsabilités, qui engendre une bureaucratie lourde et inadaptée. Citant des exemples du quotidien, il mentionne un fichier complexe de 17 pages en format A3 utilisé par les préfets pour gérer les politiques publiques, reflet d'une organisation défaillante.
Les conséquences de cette situation sont préoccupantes. Les dépenses publiques continuent d'augmenter, et un rapport parlementaire a estimé que l'accumulation de normes coûte à l'État environ 7,5 milliards d'euros par an. Cette situation est particulièrement marquée dans des domaines comme le logement, où les responsabilités sont trop dispersées entre différents niveaux de pouvoir.
Cazenave plaide pour un « big bang institutionnel » avec, en ligne de mire, la mise en place d'un responsable unique par politique publique. Cette mesure pourrait permettre de clarifier les responsabilités et de réduire les coûts administratifs. Il propose également de réformer le statut des préfets, suggérant qu'ils siègent au Conseil des ministres et deviennent de véritables « ministres territoriaux » pour mieux adapter les politiques gouvernementales aux réalités locales.
Outre ces suggestions, Cazenave avance l'idée d'un « spoil system » permettant au Premier ministre de désigner directement certains directeurs d'administration, facilitant ainsi une gouvernance plus efficace. D'autres mesures incluraient une loi de clarification des compétences et une réduction du nombre de parlementaires.
Ce n'est pas la première fois que des voix s'élèvent pour une réforme en profondeur de l'État. De nombreux experts, tels que Pierre Rosanvallon ou encore le sociologue François Dubet, évoquent la nécessité de repenser les fondements même de notre démocratie pour restaurer la confiance des citoyens. Selon Rosanvallon, « il faut redonner aux citoyens les moyens de contrôle sur leurs représentants ». Cazenave semble donc en phase avec ces analyses et considère que la prochaine présidentielle devrait placer la question de la réforme de l'État au cœur du débat public.
En somme, l'appel de Thomas Cazenave à refonder l'État ne fait pas qu'évoquer un sujet d'actualité, il invite à réfléchir sur l'avenir de notre démocratie face à des enjeux cruciaux.







